C'est quoi l'éco Design ?Réjouissons-nous ! L'ère de la surconsommation, de la production irrationnelle est derrière nous. Les crises boursières et pétrolières à répétition obligent l'homme à repenser durablement son mode de vie.
L'écodesign intègre le développement durable dans la conception des biens et des services. Il s'agit de produire sans détruire et d'imaginer les produits qui nous entourent, du plus simple au plus élaboré, en les projetant dans le futur. Concevoir un usage durable de l'objet et une fin assimilable par d'autres processus de vie. Autrement dit, l'écodesign vise à limiter par tous les moyens possibles l'impact de la production industrielle d'un objet du quotidien sur notre planète.
Longtemps cantonné à quelques illuminés écolo-radicaux, ce design vert est enfin pris au sérieux aujourd'hui. Nécessité faisant loi, les réserves naturelles s'amenuisant de jour en jour, c'est toute notre copie qu'il faut revoir. Car il y a d'autres moyens d'imaginer les objets du quotidien, d'autres manières de les produire et de les consommer.
D'après la définition tirée du dictionnaire d'esthétique d'Etienne Souriau, le design est une discipline qui cherche à harmoniser l'environnement humain. C'est donc à ses fondements mêmes qu'il nous faut aujourd'hui revenir. Harmoniser l'environnement humain, c'est s'inspirer de la nature et respecter son fonctionnement. Dans la fabrication d'un objet, dans sa consommation, mais aussi dans sa forme. Car dans écodesign, il y a surtout design. Et le plus grand designer de tous les temps, c'est peut-être tout simplement Dame Nature !
Les pionniers de l'écodesignLe design est né à la fin des années 20 avec le "streamline" (ligne profilée) qui magnifie l'objet en effigie de la vitesse. A l'apogée de l'ère industrielle qui fera bientôt du consommateur un roi, le design s'éloigne donc de son objectif originel et cherche à créer d'abord le désir pour engendrer la consommation. Et puis "on a marché sur la lune", les premiers chocs pétroliers ont lieu et l'homme prend lentement conscience de son impact sur l'environnement et de sa dépendance à la nature.
C'est au milieu des années 90 que le concept d'écodesign ou "
écoconception" émerge véritablement. Victor Papanek est le premier à en donner une définition concrète en 1996: "
C'est une démarche qui consiste à réduire les impacts d'un produit tout en conservant sa qualité d'usage (fonctionnalités, performances), en vue d'améliorer la qualité de vie des utilisateurs d'aujourd'hui et de demain". De nombreux objets recyclés ou biodégradables apparaissent alors sur le marché, mais peu d'entre eux respectent encore tous les critères. C'est à l'aulne des années 2000 que les designers vont vraiment se réclamer du concept. Le siège "mould chair" (photo) conçu en 2004 par Kazutochi Amano et Shinichi Sasaki est peut-être le premier objet à réunir l'ensemble des clés de l'écodesign. Réalisée entièrement en carton recyclé, recyclable et biodégradable, la "chaise moule" est extrêmement fine, légère et empilable (ce qui réduit considérablement les dépenses en énergie pour son transport).
L'avenir de l'écodesignPlus qu'une tendance, l'écodesign devient une véritable nécessité. Parce que de plus en plus de consommateurs s'y intéressent, parce que de plus en plus de normes imposent le respect du développement durable, mais surtout parce que les bouleversements économiques l'imposent !
De nombreuses solutions ingénieuses d'abord isolées deviennent de plus en plus évidentes. Récupération des eaux de toilette pour les chasses d'eau, douches brumisantes divisant par 15 l'utilisation de l'eau, distillateurs solaires de l'eau, les innovations simples et efficaces seront à l'avenir souvent proposées. Avec l'émergence d'une nouvelle génération de designers sensibles à la question écologique, l'écodesign a de beaux jours devant lui. Des collectifs de designers comme les "5.5" (photo) ou "L'atelier Odyssée Bouffier" donnent de nouvelles vies aux meubles sortis du circuit commercial habituel. Par leur travail, certaines nouvelles stars du design comme les frères Campana mettent le doigt sur l'importance du recyclage et dénoncent les excès de la surconsommation.
Alors l'idée fait son chemin et certaines grandes marques cherchent aujourd'hui à modifier leurs méthodes de production pour s'adapter à l'environnement. Ainsi, la marque suisse Giroflex n'utilise que des matériaux recyclables (acier, aluminium et plastique) et les pièces de ses meubles sont démontables afin que leur réintégration dans le cycle de production soit simplifiée.
Source : Marie Claire Maison