De G à D: le ministre du budget Eric Woerth, la ministre de l'Economie Christine Lagarde, le ministre de la Consommation Luc Chatel, le ministre de l'Emploi Laurent Wauquiez et le Premier ministre François Fillon à Matignon Un vrai casse-tête. Sur fond de crise financière, une croissance en berne, une dette et un déficit rampants et une hausse du chômage, le gouvernement a dû élaborer le budget 2009 avec une très faible marge de manœuvre.
La première raison: la faible croissance. Le gouvernement a anticipé une croissance du produit intérieur brut (PIB) limitée à une fourchette de 1% à 1,5% l'an prochain. Des prévisions qui pourraient sembler encore trop optimistes. «La crise financière devrait avoir un effet durable. 1,5% de croissance semble difficile à atteindre», déclare à 20minutes.fr, Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, spécialiste en finances publiques. Et d’ajouter: «Les plus pessimistes tablent sur une croissance de 0,5%.» «1%, c’est plus raisonnable», déclare de son côté à 20minutes.fr, Marc Touati, économiste chez Global Equities.
Avec un déficit rampant et 66% de dettes…Mais alors pourquoi l’Etat s’est-il risqué à miser sur ce chiffre? « Ils y sont contraints pour tenir leurs objectifs en termes de déficit. C’est plus arrangeant», reconnaît Mathieu Plane. La prévision du gouvernement en matière de déficit (2,7% du PIB) a pourtant été revue à la hausse par rapport aux objectifs initiaux (2%), mais elle apparaît toujours inatteignable, selon les économistes. «Il pourrait dépasser les 3%», n’exclut pas l’OFCE. «Dès cette année, on sera à 3% de déficit», estime Marc Touati.
Si le gouvernement avait été plus réaliste, la France courrait le risque de se faire dicter par Bruxelles un plan de rigueur. Une éventualité inenvisageable pour Nicolas Sarkozy, qui l’a balayée d’un revers de main dans on discours ce jeudi à Toulon.
Ainsi, malgré des ambitions revues à la baisse, le déficit de l'Etat va continuer à se creuser en 2009, à 52,1 milliards d'euros, après s'être déjà alourdi à 49,4 milliards en 2008. Enfin, la dette de la France l'an prochain va grimper à 66% du produit intérieur brut (PIB), après avoir déjà atteint 65,3% en 2008, soit nettement au-dessus aussi du plafond de 60% imposé par Bruxelles.
…. la marge de manœuvre budgétaire est faibleDans ce contexte, quelques arbitrages ont dû être faits pour boucler le budget. Côté recettes, il n’y aura donc pas de hausse des prélèvements obligatoires (dont le taux passe de 43,3% du PIB fin 2008 à 43,2% en 2009, pour stagner à ce niveau jusqu'en 2012). L’Etat a alors été contraint de faire un ajustement de la dépense publique. Ainsi, 30.627 postes de fonctionnaires d'Etat en 2009 vont être supprimés. «Ces suppressions ne permettent pas d'atteindre l'objectif de non-remplacement d'un départ en retraite sur deux», nuance Marc Touati.
«Au lieu de chercher seulement à stabiliser les dépenses publiques, le gouvernement aurait dû repenser tout le fonctionnement de l’Etat», poursuit-il. Selon l’Insee, les dépenses de fonctionnement de l’Etat ont augmenté de 12,2 milliards d’euros en 2007. «C’est un budget de comptabilité pour sauver les apparences. Ce n’est pas un budget de sortie de crise», conclut Marc Touati.
Source: 20minutes.fr